Enseignant en sociologie à Paris-I Panthéon-Sorbonne, Christophe Aguiton, l’un des fondateurs de SUD en 1988 et de l’association altermondialiste Attac, est reconnu comme un des spécialistes des mouvements sociaux.
Le mouvement syndical et les animateurs de Nuit debout semblent vouloir amorcer un rapprochement. Est-ce qu’ils peuvent converger ou sont-ils condamnés à s’observer sans se comprendre ?
Il y a deux différences importantes. La première porte sur les revendications. Le mouvement syndical, par tradition, se base toujours sur des revendications précises. Là, en l’occurrence, c’est le retrait du projet de loi El Khomri et la négociation sur d’autres bases. Du côté de Nuit debout, si le point de départ a été aussi le projet El Khomri, c’est devenu un lieu d’agrégation des contestations et de réflexion sur les alternatives à construire. Des contestations qui viennent de la question sociale mais aussi des questions morales, avec le choc qu’ont représenté le débat sur la déchéance de nationalité et la position de Manuel Valls sur les réfugiés, mais aussi les questions environnementales qu’il ne faut pas sous-estimer.